La pêche au vif

Pêche boudée par certains pays européens à cause de l'utilisation de poissons vivants comme appâts, la pêche au vif est encore pratiquée en France, et prouve régulièrement son efficacité. Ce mode de pêche a ses avantages et ses inconvénients, néanmoins il reste profondément ancré dans la culture populaire. Le but est de permettre la capture de poissons carnassiers en utilisant des poissons vivants. D'où le nom de la pêche au vif.

 




Bien sûr, on peut préférer la pêche aux leurres, qui va demander davantage de prospection, moins de contraintes au niveau de la conservation des vifs, une action de pêche permanente, ... La pêche au vif souffre assez injustement d'une image de pêche inactive, de pêcheurs du dimanche, de manque de technique. Pourtant, même si sa mise en place est assez facile à apprendre, des subtilités nous échappent parfois, et elle peut s'avérer un complément efficace lors d'une sortie itinérante (en barque par exemple). Rien ne vous empêche de pêcher vos vifs, de prospecter au manié, de tenter des perches aux leurres... en attendant un éventuel départ.

Moins efficace que les pêches de prospection sur le nombre de poissons capturés, elle permet cependant de prendre généralement les plus beaux sujets.

Le matériel

Suivant les montages de la pêche au vif (nous les verrons plus loin), le matériel peut être sensiblement variable. Ce petit tour d'horizon ne se veut pas complet, il doit être considéré à titre indicatif.
Pour pêcher au vif, il faut un ensemble canne et moulinet. Il existe des solutions complètes pour des sommes très modiques. Des cannes télescopiques avec des moulinets pour 15 € seulement sont monnaie courante chez les détaillants. Si vous ne cherchez pas des lancers trop lointains, ni même porter la canne en action de pêche, ces ensembles peuvent amplement suffire. Les avantages des cannes télescopiques dans la pêche au vif, sont qu'elles peuvent rester montées entre les sorties de pêche, et bien sûr qu'elles offrent un faible encombrement.



 
Par contre, si on souhaite lancer beaucoup plus loin, il faut mettre davantage le prix sur le moulinet. Avec une bobine conique, vous lancerez sans difficulté. Enfin, si vous optez pour une pêche le long des berges (à roder), misez sur une canne légère, en fibre de carbone, avec plusieurs emmanchements.

En fonction des poissons recherchés, il faudra aussi adapter le diamètre de vos fils. Garnissez les bobines de vos moulinets avec des fils de bonne qualité, un maximum de 35/100 ne doit pas être dépassé. En négliger la qualité est souvent la cause de perruques, qui ponctuent d'injures les sorties de pêche. Le fil réservé au montage des hameçons doit allier discrétion et résistance. Le diamètre du fil de l'empile doit être inférieure à celle du corps de ligne, car en cas de casse, cela permet de conserver les principaux éléments du montage. Le brochet, quand à lui, ne doit pas être négocié avec du nylon : ses dents coupantes auraient tôt fait de le sectionner. De la crinelle acier est alors le choix qui s'impose, souple et résistante.

Les flotteurs sont vos alliés pour le montage de lignes flottantes. Le choix de leur taille se fait en fonction de la taille des vifs qui vont être présentés. Si vous achetez un flotteur, vous pouvez lire dessus le grammage nécessaire à son lest. La masse en gramme indique la masse que vous devez utiliser en plombs. La plupart des bouchons sont coulissants, ce qui va donner des montages compacts et maniables.

Associés aux flotteurs, vous trouverez aussi des stop-flots, dont le rôle consiste à bloquer la ligne, et par conséquent définir la profondeur de pêche. Ils sont spécifiques à un diamètre de fil. Ils servent à bloquer la ligne d'une manière générale, et leur utilisation peut être variée.

Les émerillons sont aussi nécessaires pour empêcher le fil de vriller. Choisissez-les fonction de la résistance globale du montage. Des émerillons trop gros sont ridicules. Trop fragiles il vont mettre en doute la solidité globale de la ligne.

Pour armer vos vifs, il faut prévoir des hameçons adaptés, c'est à dire qu'il vont dépendre de la taille du vif et du type de ferrage que vous souhaitez effectuer (nous verrons cela dans les types d'armement). Prenez des hameçons résistants, bien affutés. Ils doivent permettre des ferrages impeccables. Vous avez le choix entre des hameçons triples, doubles... voire simples.

Les montages


Ce ne sont que des bases de montage. On peut facilement en imaginer d'autres, à partir de ceux-ci, les améliorer.

1- Ligne flottante classique:
Le montage de base par excellence. Il est parfaitement adapté aux plans d'eau calmes, même s'il peut être utilisé en pêche à roder. A noter la présence du stop-flot au dessus du flotteur, qui bloque la ligne et définit ainsi la profondeur de pêche. L'olivette viendra buter sur un stop flot ou une bille de manière à ne pas agresser le nœud de l'émerillon (toute casse est meilleure à prévenir qu'à guérir). Ce montage permet de traquer le brochet, mais aussi la perche, le silure, la truite, le chevesne et même le sandre.




La touche se manifeste par l'enfoncement du flotteur dans l'eau, un déplacement latéral de la ligne, ou au contraire la mise à plat du flotteur. Le choix de la taille des vifs doit être adapté non seulement aux carnassiers recherchés, mais aussi à la taille du flotteur. Ainsi, la distinction des touches sera plus nette. Si vous pêchez avec plusieurs cannes, pensez à les espacer suffisamment pour prospecter davantage de secteurs, et surtout pour éviter des emmêlements lors des combats avec les carnassiers.

2- Montage au posé
Il consiste à présenter un vif à partir d'une ligne calée au fond de l'eau. Il nécessite forcément une plombée. Si vous ne possédez pas de plomb d'Arlesey, vous pouvez utiliser une olivette de 15 g ou plus, mais il est facile d'en confectionner un, tout simplement en pinçant une chevrotine sur un émerillon agrafe.
Directement inspiré des montages pour la pêche de la carpe, vous pouvez l'enrichir de divers éléments suivant les conditions de pêche. Un anti-emmêleur par exemple peut aider à garder votre ligne très sensible, ou bien une balle flottante servira à décoller le vif du fond et ainsi le rendre plus visible. Le montage au posé est davantage statique. En général, on tend la ligne et on laisse "agir".
Ce montage présente l'avantage de garder le vif très près du fond, ce qui peut être un "plus" pour des poissons comme le sandre. En contre partie, il est difficile à pratiquer sur un fond très encombré car il est sensible aux accrochages.

 

Des accessoires peuvent faciliter l'action de pêche comme les détecteurs de touches (le même principe que chez les carpistes). Cependant, vous pouvez imaginer un système peu coûteux pour tendre vos lignes et parfaitement percevoir les départs. Une astuce consiste à enrouler un élastique sur le blank de votre canne, entre le moulinet et le premier anneau. Tendez votre fil, puis ouvrez le pick-up de votre moulinet. Glissez doucement une petite boucle de fil sous l'élastique sur le blank. Ainsi, le moindre départ libèrera votre fil de l'élastique et le carnassier vous prendra du fil librement. De plus, vous pouvez tailler un petit cube de polystyrène et le fendre légèrement . Il suffit ensuite de le glisser sur le fil à la sortie du dernier scion de la canne. Voila un excellent repère visuel.


3- Le montage polyvalent
Si vous aimez la rapidité de mise en oeuvre, la possibilité rapidement de vous adapter au bord de l'eau sans avoir à faire et défaire des lignes, alors ce montage est fait pour vous. Personnellement, je l'ai adopté depuis bien longtemps, et il donne pleinement satisfaction, à tel point que je ne cesse de le recommander à tous les pêcheurs aux vifs.En fait ce montage permet de passer d'une ligne flottante classique au montage au posé en un clin d'oeil. Et vice-versa. Le principe est simple : un montage de base construit autour d'un émerillon coulissant : on adapte les flotteurs, les plombées sont sur des fils cassants, le tout guidé par des stop-flo
ats.






L'armement des vifs


C'est un point qui peut paraître insignifiant, mais on se rend vite compte qu'il conditionne beaucoup la pratique de la pêche au vif. Les pêcheurs se posent souvent la question suivante : Faut-il attendre un peu avant de ferrer pour être sûr de ne pas rater le poisson, ou bien ferrer rapidement avant que le carnassier n'ait trop engamé le vif ?
La première solution a souvent été recommandée car elle permet d'assurer les prises. Néanmoins, il parait difficile de garantir sans risque la remise à l'eau d'un poisson qui aurait trop engamé. Et cela, on en est jamais à l'abri.
Au contraire, la deuxième solution est envisageable à condition d'avoir bien armé le vif et ainsi permettre un ferrage à la touche.

De plus en plus en vogue, le ferrage à la touche limite la mortalité des poissons relâchés et remet la pêche au vif au rang des pêches "fair-play". Certes, on manque plus de poissons, mais on bénéficie d'un combat plus intense, ce qui n'est pas le cas avec une capture prise par l'estomac.
De cette manière, plutôt que de présenter les armements qui favorisent les ferrages à retardement, voyons au contraire ceux qui vont vous permettre de pêcher "propre".

1- L'armement simple-triple

Il permet d'armer la tête du vif grâce à un hameçon simple fixé par le nez, et le corps avec un triple judicieusement placé.
Le triple est l'hameçon qui est le plus efficace dans ce montage, et c'est d'ailleurs pour cela qu'il faut le placer suivant la taille du vif et le carnassier recherché. Il peut être comme ci-dessus avancé vers la tête, mais si des ferrages ratés sont constatés, il pourra être reculé derrière la nageoire dorsale. Facile à mettre en place, il n'entrave pas la nage du vif et le rend ainsi très attractif. Certains pêcheurs préfèrent remplacer l'hameçon simple par un triple, certainement car ils pensent ainsi augmenter leurs chances de succès au ferrage. Le montage devient alors plus sensible aux accrochages.

2- L'armement par le dos

Il implique l'utilisation d'un triple dans le dos, qui doit être planté sous la peau ou dans la chair du vif. Pour garantir une survie optimale, il faut éviter des zones vitales et la colonne vertébrale. Grâce à cet armement, les ferrages à la touche sont très efficaces. Il peut être utilisé facilement avec une ligne flottante, mais il est à proscrire au posé car les risques d'emmêlement sont trop élevés.

3- Le lochage du vif

Locher un vif consiste à glisser sous la peau du poisson le fil de l'empile. De ce fait, le vif est "collé" au montage. Ainsi, le ferrage à la touche est efficace. Souvent, on loche le vif en entrant par la queue du vif et en plantant le triple dans le dos. Il faut s'aider d'une aiguille à locher (qui peut être confectionnée avec de la corde à piano) pour se frayer le passage et ainsi permettre au fil de se faufiler. L'autre avantage de ce procédé, est qu'aucun organe vital n'est touché et par conséquent, les conditions de survie sont améliorées.

L'action de pêche


Tendre les cannes et attendre la touche peut suffire pour pêcher au vif. Néanmoins, beaucoup de pêcheurs profitent de l'attente de la touche pour être actif et tenter de récolter des informations. En effet, pour peu que le pêcheur dispose d'un stock de vifs suffisant, il reste encore de quoi s'occuper efficacement.
Outre profiter de la splendeur de la nature environnante, le pêcheur au vif se doit d'interpréter. C'est le moment de voir s'il y a des chasses, s'il y a de l'activité. Il faut alors essayer de savoir où se tiennent les poissons, quelle espèce est active, de repérer l'heure à laquelle ça mord pour les prochaines sorties. De même, c'est le moment de pratiquer d'autres techniques telles que le manié, la tirette, le plomb palette... bref de tenter sa chance (en respectant bien sûr le nombre de cannes autorisées). Alors, soyez actifs et profitez de l'aubaine d'être au bord de l'eau. De plus, si vous n'êtes pas seul au bord de l'eau, observez ce qui ce passe chez le voisin. S'il y a de la réussite à proximité, remettez-vous en question et essayez de comprendre pourquoi là bas ça marche... au lieu de râler contre le sort.
Le pêcheur au vif doit comprendre que si son animation sur l'appât du carnassier est limitée, il doit réunir et maîtriser les autres paramètres qui feront la différence. A l'inverse, soyez modeste et sachez ramener votre réussite aux aléas de la pêche.

Pour s'occuper, le pêcheur de carnassiers complet a le temps de préparer ses montures pour le manié, de nettoyer et ranger son matériel, de bricoler ses montages... D'autres, n'hésitent pas à pêcher leurs vifs pour assurer le stock des prochaines sorties. D'ailleurs, rassembler des vifs autour de l'amorce peut attirer les carnassiers en chasse, et par conséquent, les convaincre de s'intéresser à vos montages.

Le choix des vifs


Il existe des cas ou des contextes qui font que le pêcheur doit s'intéresser aux qualités des espèces de vifs qui peuvent se présenter à lui. Si vous souhaitez adapter aux mieux vos montages, ou vous voyez le coté économique en voulant pêcher et sélectionner vos vifs, une attention particulière se justifie sur les caractéristiques des poissons.

D'ordinaire, on peut se procurer facilement des gardons chez les détaillants de pêche. Ils sont attractifs, de taille variable, suffisamment résistants et n'ont pas la particularité de provoquer des emmêlements. Pour tout autre choix, vous devrez veiller à ce que la plupart de ces qualités se retrouvent. Sachez, qu'il n'y a rien de tel que de pêcher un vif dans le plan d'eau où vous souhaitez pêcher les carnassiers. Les habitudes alimentaires des sandres, perches, brochets,... sont un bon critère de choix. Par exemple, la perche est excellente pour séduire un brochet.
Sachez alors dénicher et comprendre les qualités de certaines vifs, même si vandoises, brèmes bordelières, tanches, gros vairons, rotengles, peuvent donner satisfaction dans beaucoup de situations. Les goujons et consort sont des poissons qui ont tendance à rejoindre le fond, donc privilégiez-les sur vos montages flottants, sinon vous risquez les emmêlements.

Un dossier sur la conservation des vifs existe sur ce site. Pour terminer, sachez que des espèces comme les perches soleils ou les poissons chats sont interdites utilisées comme vifs.

Les accessoires


Pour compléter la panoplie de matériel, ces accessoires facilitent la partie de pêche. Voici les principaux :

L'épuisette : Indispensable si vous pêchez du bord, elle permet d'écourter le combat et d'assurer une mise à l'eau en minimisant les risques. Choisissez-là de grande taille, flottante et pliable.
Les repose-cannes : On  peut certes s'en passer en bricolant sur la berge une petite fourche avec des branches, mais des accessoires légers et facilement mis en place existent. Ils permettent de maintenir la canne en position oblique ou horizontale, qui facilite les montages au posé. A ne pas oublier sur la berge en fin de partie de pêche.
Les aérateurs : Ils peuvent fonctionner avec une batterie, alimentés par un allume-cigare ou sur secteur. Indispensables en période estivale pour enrichir le dioxygène dissous dans l'eau, et par conséquent garantir la survie des vifs. Un modèle sur secteur pour la maison et un mobile pour le transport suffit amplement.


Mise à jour : 24/06/2012

1 commentaire:

  1. je pense acquérir un petit moulinet pour ma canne au toc ( Maxxter toc de chez Garbolino ) pour faire mes premiers pas en Mars! mais j'hésite entre un petit tambour fixe ( Symètre 500 FJ , prévu pour l'ultra léger & pesant 172 gr ) ou un tambour tournant ( le nouveau Loxus par Marc Delacoste chez Europêche pesant 148 gr ) ... vos avis sur la question ?

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